Les expositions itinérantes :
guide à l'usage des gestionnaires de tournée

Les guides électroniques de la SMQ

 

4.4 Le transport

Les objets et le mobilier d’exposition auront fort probablement à voyager durant de longues périodes et seront par conséquent soumis à un risque élevé de bris ou de dommages. C’est pourquoi le choix du type de transporteur est une décision importante à prendre lors de la planification. Cette décision aura aussi une incidence sur l’emballage .

Il est essentiel de bien connaître les avantages et les désavantages des différents moyens de transport afin de choisir le type de transporteur qui répondra le plus à vos besoins.

Voici les différents moyens disponibles :

Le camion-remorque 

Les camions-remorques sont utilisés fréquemment lors de la circulation d’expositions de grand format. Plusieurs compagnies se spécialisent dans le transport d’expositions et offrent même, dans certains cas, un service de dédouanement lorsque cela s'avère nécessaire. Faire appel à un service de transport spécialisé est un moyen coûteux mais extrêmement sécuritaire de faire circuler une exposition. Vous bénéficierez d’un camion muni d’une suspension hydraulique qui amortit les chocs et les vibrations et d’un système de contrôle des conditions ambiantes. De plus, les manutentionnaires sont formés et expérimentés dans le transport d’expositions.

Le camion (cube entre 14 et 28 pieds)

Même s’il est dédié généralement au transport de produits divers, le petit camion présente plusieurs avantages. Outre le fait qu’il soit économique, il est disponible facilement, rapide et muni d’une bonne suspension. Il offre une capacité de chargement et une maniabilité appréciables surtout pour l'accès au lieu de déchargement. Contrairement au camion-remorque, il n’est pas nécessaire d’avoir recours à une plate-forme ou à un débarcadère pour le chargement et le déchargement. De plus, ce type de camion peut être conduit par un membre du personnel de l’institution organisatrice (les manutentionnaires des compagnies de transport commercial ne sont généralement pas sensibilisés à la manipulation particulière qu’implique le déplacement des œuvres d’art ou des objets fragiles). Malgré les nombreux avantages du petit camion, il est suggéré d’encaisser les objets lorsqu’on utilise ce type de transport.

L’automobile et la fourgonnette

Les petits véhicules, comme l’automobile et la fourgonnette, restent des options de transport pour les expositions voyageant sur de courtes distances et contenant peu d’objets et de mobilier. C’est le cas pour les expositions constituées de panneaux didactiques et de photographies.

L'avion 

Généralement utilisé pour le transport international de longue distance, l’avion représente le moyen le plus rapide de faire voyager une exposition. La mise en caisse de l’exposition est évidemment requise. Certaines restrictions en ce qui a trait aux dimensions et au poids des caisses doivent toutefois être considérées. Par exemple, si l'on utilise un vol régulier, les caisses ne peuvent avoir plus de 63 pouces de haut (158 centimètres). Cette restriction ne s’applique pas à l'avion-cargo, ce type de transport étant cependant beaucoup plus coûteux.

Le bateau 

Le bateau est un moyen très lent mais peu coûteux de faire circuler une exposition outre-mer. Un conteneur peut être livré à l’institution productrice et celle-ci a la possibilité de l’aménager et de le remplir comme elle le souhaite. Généralement, il n'existe aucun contrôle des conditions dans ce type de transport.

L’avion et le bateau ont le désavantage de nécessiter l’utilisation d’un second moyen de transport, puisque l’exposition n’est pas livrée directement à l’institution hôte. Par conséquent, ils augmentent le nombre de transbordements et de manipulations.

La logistique du transporteur spécialisé

Lorsqu’on fait appel à un service de transport spécialisé, on doit déterminer si l’on désire un transport combiné ou exclusif. Dans un transport combiné, plusieurs objets ou expositions peuvent circuler dans le même camion. Cela diminue beaucoup les coûts. Il faut tenir compte de la distance à parcourir entre les deux points de transit et, par conséquent, prévoir un espace-temps raisonnable pour le transporteur entre les dates de fermeture et les dates d’ouverture de l’exposition.

Avant son départ, le transporteur devrait avoir en sa possession les documents suivants :

  • un contrat stipulant l’adresse des différents points de transit, les dates et les heures (approximatives) des chargements et des déchargements, la sécurité, le contrôle des conditions ambiantes, l'équipement ou le personnel supplémentaire requis;
  • un accusé de réception à faire signer par la personne-ressource de l’institution hôte dans chaque lieu de livraison.

La circulation de l'information

La communication entre l’institution organisatrice, l’institution hôte et le transporteur est essentielle au bon déroulement de la tournée et évitera plusieurs malentendus.

Il faut s’assurer d’avoir informé le transporteur :

  • du nom, du titre, du numéro de téléphone et de télécopieur de la personne-ressource;
  • de l’adresse exacte du lieu de déchargement et de la localisation du débarcadère;
  • de la façon de procéder lors de l’arrivée à l’institution hôte (le chauffeur doit-il se présenter au poste de contrôle? Y a-t-il une sonnette?);
  • de la distance à parcourir entre chaque point de transit.

Certains aspects doivent également être éclaircis :

  • Le transporteur doit-il déposer les caisses vides dans un entrepôt? Si oui, a-t-il les directives pour s’y rendre?
  • Le stationnement dans la rue est-il autorisé par la ville? Si non, vous devez vous procurer un permis.

Il ne faut jamais hésiter à vérifier que le service pour lequel on paye est bien rendu. L’inspection du camion pour s'assurer qu’il possède les caractéristiques convenues n’est pas superflue.

4.4.1 L'entreposage

L'entreposage

Gracieuseté du Musé canadien des civilisations
Photo : Myriam Proulx, 2004

Les gestionnaires de tournée souhaitent éviter d’avoir recours à l’entreposage. Cependant, il est bien souvent un mal nécessaire. On peut avoir à entreposer l’exposition pour quelques mois, à la suite d’une annulation ou d’un trou dans le calendrier, par exemple. On peut aussi avoir à l’entreposer quelques semaines, voire quelques jours, si on n’a pas réussi à faire coïncider parfaitement la date de fermeture dans une institution et la date d’ouverture dans l’institution suivante. Finalement, il se peut aussi qu’on doive envisager d’entreposer les caisses vides.

Avant que l’exposition quitte vos murs, son entrepôt ou l’institution où elle a été présentée vers une nouvelle destination, il est essentiel de savoir :

  • si l’exposition devra être entreposée ou non avant et après la présentation, et si oui, pour combien de temps;
  • si le destinataire est en mesure de fournir un espace d’entreposage adéquat et suffisamment grand en attendant le montage;
  • s’il lui est possible d’entreposer les caisses vides durant toute la période de présentation de l’exposition.

Malheureusement, dans la majorité des cas, l’espace d’entreposage se fait rare dans les institutions muséales. Il faut donc souvent se tourner vers la location d’un entrepôt commercial à proximité de l’institution hôte. Cette solution entraîne cependant des coûts et une planification supplémentaire. En effet, en optant pour la location d’un entrepôt commercial, il faut déterminer qui assume les coûts de transport entre l’institution hôte et l’entrepôt, planifier le déchargement à l’entrepôt, etc.

Voici quelques points qui devraient être considérés lors du choix de l’entrepôt :

  • le coût de location;
  • la sécurité de l’entrepôt : la présence d’un système d’alarme;
  • le contrôle des conditions ambiantes : la possibilité de contrôler la température et l’humidité relative;
  • les assurances : coût et couverture.

Quand on doit entreposer régulièrement les caisses (qu’elles soient vides ou pleines), il vaut mieux qu’elles soient aisément repérables. Les caisses d’une même exposition doivent toutes être de la même couleur, et de préférence de couleur vive.

La récupération des caisses vides, moyennant certains coûts supplémentaires, peut également être envisagée comme une solution pour pallier le problème d’entreposage.

4.4.2 L'emballage

Musée d'art contemporain de Montréal

L’emballage d’une exposition itinérante représente une étape importante. Le type de transporteur choisi, la nature, l’état de conservation, le poids et les dimensions des objets influenceront le type d’emballage, tout comme le type de mobilier et l’importance de l’exposition.

Deux types d’emballage sont généralement employés. Il s’agit de la mise en caisse et de l’emballage souple.

La mise en caisse

La mise en caisse est une option d’emballage fréquemment utilisée lorsqu’il est question du transport d’une exposition itinérante. La caisse de transport a pour fonctions principales :

  • de protéger les objets contre les variations de température et d’humidité relative;
  • de défendre les objets contre les agents biologiques;
  • de stabiliser les objets grâce au calage;
  • d’augmenter la résistance aux chocs et aux vibrations.

La caisse de transport doit avoir les caractéristiques suivantes :

  • une enveloppe résistante;
  • une conception qui facilite le déballage et le remballage;
  • l’étanchéité afin de limiter les variations de température et d’humidité relative.

Pour faciliter la manutention d’une caisse, il est important :

Caisse avec support cylindrique

Musée d'art contemporain de Montréal

  • de prévoir des poignées;
  • de prévoir des patins, lesquels rendent l’usage des équipements de manutention plus facile et surélèvent les caisses du sol, ce qui les protège contre l’humidité;
  • de reconnaître visuellement l’ouverture de la caisse et le sens dans lequel la manipulation doit être faite;
  • de prévoir une ouverture latérale pour les objets lourds.

Les roulettes facilitent la manutention. Cependant, elles ont tendance à compliquer le chargement des camions et l’entreposage parce qu’elles rendent les caisses plus difficiles à empiler. Aussi, plusieurs ont tendance à bannir les roulettes de leurs caisses de transport.

Plusieurs types de caisses peuvent être employés pour le transport d’expositions, d’objets ou d’œuvres :

  • les caisses en bois;
  • les caisses en ABS;
  • le plateau de tableau;
  • les caisses en Coroplast ;
  • les caisses avec support (cylindre de plastique ou pièces de bois);
  • les caisses en carton ondulé triple cannelure.

Lors de la conception et de la fabrication des caisses, les dimensions et le poids des divers éléments constituent des informations essentielles. Il faut absolument connaître :

  • les dimensions de chacune des pièces à emballer : œuvres, objets, éléments de mobilier;
  • le poids de chaque pièce;
  • les dimensions des portes que la caisse aura à franchir;
  • les dimensions de l’ouverture des portes du véhicule de transport;
  • les dimensions internes du véhicule de transport;
  • la capacité de chargement du véhicule de transport.

Quand il n’est pas possible de connaître à l’avance les dimensions de toutes les ouvertures qu’une caisse aura à franchir, on peut se référer au plus petit dénominateur commun. Par exemple, on considère généralement qu’une caisse de 32 pouces de largeur (81 centimètres) pourra franchir la très grande majorité des ouvertures, y compris celles qui s’éloignent des standards. Cela est vrai aussi pour les édifices anciens.

En ce qui a trait aux expositions itinérantes pour lesquelles on prévoit des tournées internationales, la mise en caisse s’impose. Certaines restrictions quant aux dimensions doivent cependant être respectées. Par exemple, lors du transport par avion, la hauteur de la caisse ne doit jamais excéder 63 pouces ou 158 centimètres.

Il faut apposer, peindre ou sérigraphier sur chaque caisse certaines informations essentielles. De façon générale, les informations suivantes devraient se trouver à la fois à l’extérieur de chacune des caisses et dans la liste du contenu des caisses :

  • le numéro de la caisse, toujours accompagné du nombre total de caisses (exemple : caisse 1/10);
  • le titre de l’exposition;
  • le poids de la caisse;
  • le nom et l'adresse du producteur;
  • le nom et l'adresse du destinataire (institution hôte);
  • les indications spéciales et les pictogrammes.

La caisse constitue en quelque sorte un microclimat. Autant que possible, on doit tenter de contrôler la température et l’humidité à l’intérieur de la caisse. Pour ce faire, il est nécessaire d’utiliser les matériaux appropriés. Par exemple, un capitonnage de la caisse en mousse de polystyrène extrudé aide à contrôler la température. Pour assurer l’étanchéité de la caisse, il est suggéré d’apposer une bande de caoutchouc sur les arêtes de son ouverture. De plus, on améliore le contrôle de l’humidité relative en insérant du gel de silice dans la caisse. On peut aussi tamponner l’intérieur avec des matériaux qui ont la capacité d’absorber rapidement l’humidité, tels que le bois, le carton ou le papier.

Le calage des objets lors de la mise en caisse est indispensable car il contribue à diminuer les risques de bris. Les objets sont ainsi mieux protégés contre les vibrations et les chocs qui surviennent inévitablement durant le transport. À cette étape du processus, il est souhaitable d’immobiliser ou d’emballer individuellement les pièces mobiles. Pour éviter le frottement de l’objet contre la mousse de calage, il est suggéré d’envelopper l’objet de papier de soie sans acide ou d’une pellicule de plastique comme le polyester ou le polypropylène. En outre, aucune partie de l’objet ne devrait être en contact avec les parois de la caisse. Il existe plusieurs types de matériaux de calage ou de rembourrage. Les matériaux à privilégier sont ceux qui possèdent une haute densité et un pouvoir d’absorption de l’humidité et des chocs.

L’emballage souple

Un exemple d'emballage souple

Musée d'art contemporain de Montréal

Les matériaux suivants sont employés pour l’emballage souple :

  • le plastique à bulles;
  • le polythène;
  • la mousse de polyéthylène;
  • les couvertures.

Tous les emballages devraient être identifiés avec le titre de l’exposition ou un numéro pour faciliter l’étape du remballage. Par ailleurs, si l’objet, l’œuvre ou l’élément de mobilier doit être stabilisé dans le camion ou dans la caisse, il est très important que le système de maintien (sangles, cordes, ficelles, élastiques, etc.) ne soit jamais en contact direct avec lui.

Il faut éviter de jeter les emballages plastiques, car ils peuvent contenir des fragments d’un objet qui se serait brisé lors du transport ou des menus objets qui seraient passés inaperçus lors du déballage. De plus, l’institution productrice peut exiger que le remballage s’effectue dans les mêmes conditions et avec les mêmes emballages que lors de l’arrivée de l’exposition.

Si l'on désire obtenir de plus amples renseignements sur les matériaux utilisés lors de l’emballage, le Centre de conservation du Québec a produit une base de données qui fournit les fiches techniques des divers matériaux disponibles, notamment pour l’emballage.

Voici l’adresse électronique pour y accéder :

http://preservart.ccq.mcc.gouv.qc.ca

Exposition itinérante Autour de la mémoire et de l’archive [About Memory and Archive] à la Dalhousie Art Gallery, Halifax, Nouvelle- Écosse, 6 août 2002.

La plus grande prudence s'impose lorsqu'on sort les pièces des caisses

Musée d’art contemporain de Montréal

La manipulation des objets

Il est important d’analyser l’état de l’objet ou de l’œuvre et de repérer ses points fragiles avant de le manipuler. Le port de gants de coton est nécessaire. Certains objets ont une surface lisse et glissante; les gants de nytril ou comportant un antidérapant peuvent constituer une solution. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide si l’objet à déplacer est trop lourd ou trop fragile.

Chaque déplacement d’un objet, que ce soit à l’intérieur de l’institution productrice ou de l’institution hôte, requiert une planification. Il faut toujours se poser les questions suivantes :

  • Le lieu d’accueil des objets a-t-il été préparé et libéré?
  • Le trajet à emprunter pour s’y rendre est-il dépourvu d’obstacles?
  • Un accompagnateur est-il nécessaire pour ouvrir les portes?
  • Les objets à déplacer passent-ils facilement dans les portes à franchir?
  • Le support de transport et les matériaux de calage sont-ils préparés?
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