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Patrimoine religieux : problématiques, réflexions et pistes de solutions - IMPRIMÉ

Koliny Chhim, Caroline McKinnon, Caroline Truchon. Patrimoine religieux : problématiques, réflexions et pistes de solutions. Coll. Les cahiers du Musée de la Civilisation. Recherche et évaluation. Québec : Musée de la Civilisation, 2005, 68 pages.

Koliny Chhim, Caroline McKinnon et Caroline Truchon ont publié, dans la collection Les cahiers de recherche du Musée de la civilisation, un rapport intitulé Patrimoine religieux : problématiques, réflexions et pistes de solutions. Tiré du rapport d’un travail dirigé dans le cadre de la maîtrise en muséologie, il visait à amorcer une réflexion sur la mise en exposition d’une partie de la collection des Prêtres de Saint-Sulpice qui célébreront, en 2007, le 350e anniversaire de leur arrivée en Amérique. La recherche a été supervisée par Colette Dufresne-Tassé, directrice du programme de maîtrise en muséologie à l’Université de Montréal, et Monique Lanthier, conservatrice des biens culturels des Prêtres de Saint-Sulpice. S’étant déroulée entre septembre 2003 et juillet 2004, cette recherche repose sur deux méthodes de cueillette d’information, soit la recherche documentaire et les entrevues avec des professionnels du milieu. La liste des neuf personnes rencontrées et leur institution respective est donnée en annexe tout comme le questionnaire d’entretien. Les informations ainsi colligées ont permis de confronter la théorie et la pratique.

Dans un contexte social où les questionnements sur l’avenir du patrimoine religieux sont multiples, cette publication met en lumière le rôle crucial des musées. De plus, elle a le mérite de proposer une excellente synthèse des références bibliographiques disponibles tant au Québec qu’à l’étranger, notamment en France.

Dans la première partie, des précisions sur les termes, notamment religion et patrimoine religieux, et les notions utilisés dans le rapport sont données. Cette section définit aussi deux types de catégorisations des biens mobiliers et regroupe les lieux de présentation en différentes catégories : les lieux d’exposition in situ comme les trésors, les lieux d’exposition du patrimoine déplacé comme les centres d’interprétation ou les musées en général et les musées de communautés.

Dans la deuxième partie, le portrait de la situation au Québec est présenté selon trois vagues chronologiques : la première, dans les années 1920 avec l’adoption de la première Loi sur les biens culturels et la création de la Commission des monuments historiques en 1922; la deuxième, dans les années 1960 et 1970, avec la création du ministère des Affaires culturelles et le classement, à titre d’œuvre d’art d’intérêt patrimonial, de la chapelle de l’Hôtel-Dieu de Québec et enfin, la troisième des années 1990 à nos jours. En 1995, est créée la Fondation du patrimoine religieux qui gère le Programme d’aide à la restauration du patrimoine religieux du ministère de la Culture et des Communications (MCC). Au cours de la dernière décennie, la Commission des biens culturels a dirigé plusieurs études d’envergure sur la question de la protection et de la sauvegarde du patrimoine religieux au Québec. Le MCC a également subventionné une étude effectuée par l’Office des congrès et du tourisme du Grand Montréal visant à analyser le potentiel touristique du patrimoine religieux montréalais. En même temps, la Ville de Québec a créé le comité de concertation sur le patrimoine religieux dont les travaux ont conduit à la réalisation du Premier colloque international sur l’avenir des biens d’église en 1997.

Enfin, la troisième partie du rapport touche la question névralgique de la présentation du patrimoine religieux, une question complexe qui suscite de nombreux débats. Au préalable, une réflexion s’impose à la fois sur la polysémie des objets du patrimoine religieux, sur leur dimension sacrée, qui peut s’avérer délicate à présenter, ainsi que sur la religion majoritaire par opposition à la religion de l’autre ou la manière de présenter l’invisible aux non-initiés.

Le premier type de présentation abordé est celui des trésors existant surtout en Europe mais qui pourraient, au Québec, servir de modèle pour les églises qui souhaitent présenter au public leurs objets de patrimoine. D’autre part, avec l’évolution des pratiques religieuses, plusieurs objets de culte ne sont plus utilisés et posent par le fait même d’importants problèmes de conservation. C’est alors que des lieux de dépôt peuvent voir le jour mais ils ne règlent en rien les problèmes de conservation en plus de déresponsabiliser les paroisses ou les communautés religieuses. Les musées disciplinaires quant à eux s’avèrent une bonne solution aux problèmes de conservation mais ils acceptent seulement des objets en lien avec leur mission ou orientation.

Par ailleurs, l’introduction de l’objet sacré dans le musée crée une rupture entre l’objet et son contexte, ce qui peut affecter considérablement son intelligibilité. Pour rendre les objets du patrimoine religieux compréhensibles, les musées ont donc recours à des expositions thématiques, à différents modes de présentation et à des moyens de médiation. Dans les musées de communauté, les objets ont déjà une forte cohérence entre eux. La présentation thématique par ailleurs peut se prêter dans les expositions permanentes de certains musées (les auteurs donnent l’exemple du Musée national des beaux-arts du Québec). Quant aux modes de présentation, les auteurs différencient la muséographie systématique de la muséographie analogique (ou reconstitution) qui permet de mettre les objets en contexte. La muséographie d’évocation et la présentation en séquences relèvent pour leur part de modes de structuration.

Finalement, la question cruciale de la médiation est analysée et présentée selon quatre types :

  • la médiation écrite (panneau d’information, citation, document d’aide à la visite, fiche de salle, catalogue),
  • la médiation orale (visite guidée, circulation des guides, audioguide),
  • la médiation visuelle (scénographie, document iconographique),
  • la médiation interactive et virtuelle (vidéo, borne interactive).

En somme, les objets du patrimoine religieux devraient être traités selon la discipline et la mission du musée qui les présente. Il est important pour ce faire de mettre les objets en contexte avec les croyances et les rituels qui leur sont associés. Si le musée peut tenter d’expliquer des aspects invisibles de la religion, il ne doit pas pour autant chercher à faire vivre une expérience religieuse. L’essentiel étant que le visiteur se sente respecté dans sa croyance ou sa non-croyance.

De plus, le musée doit faire attention pour pallier le manque de connaissances de plusieurs visiteurs et ne pas avoir peur d’aborder les questions de religion. En effet, le musée remplit un rôle éducatif qui permet une meilleure compréhension de soi et des autres. Enfin, les auteurs suggèrent d’étudier les publics pour connaître leurs réactions face à ce type d’objets et pouvoir ainsi mieux cibler leurs besoins pour la présentation du patrimoine religieux.

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